Le coup d’envoi du tour régional emploi et inclusion 2024 a été donné !
Jeudi 13 juin à Dijon, s’est tenue la clôture du Printemps de l’égalité. Une après-midi riche en témoignages et échanges sur le thème de l’égalité professionnelle.
Nous remercions chaleureusement la Région Bourgogne Franche-Comté pour nous avoir permis de présenter le Tour Régional Emploi & Inclusion 2024 lors de cette belle mobilisation. Merci tout particulièrement à Laëtitia Martinez, Vice-présidente de la Région Bourgogne–Franche-Comté en charge de l’enseignement supérieur, la recherche, l’égalité réelle et la laïcité, pour son engagement depuis de nombreuses années sur ces thématiques fortes d’inclusion, de diversité, d’égalité et de mixité professionnelle.
4 associations, financées et soutenues par la région, ont été conviées autour de la table : FETE-Femmes Égalité Emploi, la fédération régionale des Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de Bourgogne–Franche-Comté, Halte discriminations et Initiative Doubs Territoire de Belfort.
Une opportunité pour nous, associations, d’exposer nos travaux, nos constats, échanger et de débattre ensemble sur les freins liés à l’égalité et la mixité professionnelle et les leviers à mettre en place pour faire progresser l’égalité professionnelle au sein des entreprises et des collectivités et des administrations en Bourgogne Franche-Comté.
De nombreux sujets liés à l’égalité ont été abordés, le genre des métiers, l’accès à la formation, les écarts de salaire, la conciliation des temps de vie, la création d’entreprise, l’index égalité des organisations… Quels sont les freins, comment faire évoluer les mentalités dès le plus jeune âge ? Comment favoriser une meilleure mixité des métiers ? Comment permettent aux femmes d’évoluer dans leur carrière malgré les contraintes familiales, la charge mentale et domestique ?…
Le débat est lancé par Patricia GAUDET, Chargée de mission égalité / diversité au sein de la Délégation à la modernisation de l’action publique à la région BFC, avec un premier brise-glace : « Si l’égalité professionnelle était comparée à un sport des Jeux olympiques, lequel serait-il ? »
Pour une majorité, le choix s’est orienté vers l’aviron, car « tout le monde doit ramer dans le même sens, pour atteindre un but commun », « la force du collectif ».
Pour certaines, le rugby, considéré comme un sport de contact et de combativité, car « être fortes, c’est ce que l’on attend des femmes dans la société. Il faut rester soudées pour aller au combat, transformer l’essai en essai gagnant ».
Peu ont choisi la gymnastique, trop stéréotypée. Kildine Bataille, adjointe au maire de Dijon, et élue à la Métropole de Dijon, en charge de l’égalité femmes-hommes, l’a sélectionné pour le côté contorsionniste de l’image. « Se contorsionner pour faire évoluer les mentalités, obtenir des budgets, mener des actions ».
Table-ronde « Femmes & Emploi »
Le genre des métiers
Le premier Quiz sur l’absence de mixité dans les métiers, nous révèle que, en France, seulement 21 métiers sur 88 sont mixtes. Les femmes représentent 91 % des aides-soigant.es, mais seulement 18 % des ingénieur.es informatiques.
INSEE
À noter : Un métier est dit non mixte quand il compte plus de deux tiers de femmes ou d’hommes.
Mireille PÉQUIGNOT, présidente fondatrice de l’association Halte Discriminations, dira que la discrimination est un des premiers freins à la mixité.
« On voit aujourd’hui que les métiers et secteurs non mixtes sont ceux qui manquent le plus d’attractivité et qui rencontrent le plus de difficultés à recruter.
Il faut acter l’existante de la non-mixité. Il est important qu’hommes et femmes travaillent sut le sujet. Si les hommes pensent que la mixité n’est qu’une affaire de femmes, on ne pourra pas progresser.
Il faut former les organisations publics et privées à la mixité. »
On notera également que la notion de mixité et d’égalité se construit dès le plus jeune âge, auprès des familles, des crèches puis des collèges et lycées.
Comment attirer plus de femmes vers des secteurs peu représentés, comme le secteur du numérique par exemple. Comment déconstruire les stéréotypes ?
La conciliation des temps de vie
La part des femmes travaillant à temps partiel reste trois fois plus élevée que celle des hommes. 4 emplois à temps partiel sur 5 sont occupés par des femmes et 26,5 % des femmes travaillent à temps partiel.INSEE
Travailler à temps partiel a pourtant de lourdes conséquences sur les salaires, la retraite, l’évolution professionnelle, la reconnaissance sociale. Mais de nombreuses femmes choisissent ou subissent ce choix. La charge mentale, la gestion famille-travail, pèse encore lourdement sur les femmes (éducation des enfants, tâches ménagères…). Elles renoncent à certains postes se sentant psychologiquement peu disponibles (horaires non compatibles avec les charges familiales…).
La non-mixité des métiers et la surreprésentation féminine dans certains secteurs est également une cause et une conséquence du temps partiel.
Les politiques égalitaires
77 % des entreprises françaises assujetties au calcul de leur index « égalité professionnelle » l’ont publié au 1er mars 2024, avec une note moyenne de 88/100.
Résultat de l’index égalité professionnelle
Karla Martinez, Présidente de l’association FETE égalité, fait un constat concernant cet index, qui a pour but initial de supprimer les écarts de salaires entre les femmes et les hommes. Malgré certaines obligations pour les entreprises, les écarts persistent. L’index ne s’adapte pas à toutes les entreprises, lorsqu’il y a une faible mixité (très peu de femmes ou d’hommes représentant un service), l’index devient incalculable. Pour celles qui peuvent le calculer, l’index est imparfait, car avoir une bonne note ne garantit pas une égalité et les écarts de salaire sont malgré importants.
L’accès au pouvoir
L’entrepreneuriat n’est pas une question de genre. Pourtant, la création d’entreprise demeure majoritairement le fait d’hommes.
Si les femmes représentent la moitié de la population active, elles sont en moyenne une sur dix à la direction des PME-ETI (présidente et/ou directrice générale ou gérante).
NB : en 2022, la baisse du temps partiel s’est accentuée, principalement du fait des femmes (‑1,5 point).
Nous constatons que le nombre de créations d’entreprise féminines évolue, mais essentiellement sous le statut micro-entreprise. Plusieurs raisons à cela.
Comme le constate Danièle DULMET, Vice-présidente du réseau Initiatives Doubs et Territoire de Belfort, les femmes seraient plus prévoyantes, elles osent moins s’aventurer et prendre des risques financiers en réalisant des crédits. Elles préfèrent davantage tester leur projet avant de se lancer.
Beaucoup d’entre elles ont un emploi salarié à côté et exercent une double activité. Les cheffes d’entreprise, portent souvent la charge de la gestion familiale. La micro-entreprise leur permet de mieux gérer leur emploi du temps.
Comment fendre le plafond de verre ? Comment donner confiance aux femmes et leur donner envie d’aller plus loin ?
Le concours « Initiatives au féminin » a été créé pour récompenser des femmes qui ont franchi le pas de la création ou de la reprise d’entreprise. C’est également le moyen de faire connaître et de montrer des exemples de femmes qui réussissent, comme le témoigne Claire ARNOU, Créatrice de « Backstage Dijon », école de maquillage artistique à Dijon, lauréate Initiative au féminin 2020.
Pilote de drone, Letizia IACOVELLI, remporte le prix de « 101 femmes Entrepreneures » & « Initiative au féminin 2023 ». Après avoir travaillé au sein d’un institut médico-éducatif (IME), elle ouvre son entreprise Letizhelices. À l’aide de drones, elle démousse les toitures, réalise des études thermiques, immortalise des vues aériennes ou épand des produits écologiques sur des parcelles agricoles.
Qualifiée par le gouvernement à Matignon de « femmes qui avancent pour la France, femmes qui contribuent au développement économique Français », Letizia IACOVELLI nous offre un beau modèle de réussite dans un secteur pourtant très masculinisé.
Quels leviers pour mettre en place des plans d’actions ?
« Indépendamment de tous les critères, la différence entre les hommes et les femmes se fait toujours en la défaveur des femmes. »
Laëtitia MARTINEZ, d’après « la valance différentielle des siècles », Françoise Héritier.
Un constat, trop peu d’hommes représentés lors de cette journée. Les hommes ne se sentiraient-ils pas concernés par la question de l’égalité professionnelle ? Sans l’implication des hommes, comment faire bouger les lignes pour plus d’inclusion d’égalité et de mixité ?